Université Jean Price-Mars

Vous souvenez-vous…

… que le dernier bulletin Haïti Cosmos de Juin 2014 présentait le projet de l’université Jean Price Mars, Hinche, Haïti ? Entretemps Jean-Claude François – en tant que directeur et coordinateur des projets – a passé à deux reprises plusieurs mois sur place pour surveiller cet important chantier.

L’université

La construction est terminée et les cours y sont donnés depuis Novembre 2014. L’université est située à Rhodé, à env. 3 km d’Hinche. Les premiers étudiants recevront leur diplôme à la fin 2015 dans les disciplines des Sciences Infirmières, des Sciences Economiques et Commerciales, en Génie Civil, en Agronomie et en Droit (maîtrise). En fait, l’université fonctionnait déjà avant sous le nom de Jean Price Mars mais dans d’anciens bâtiments.

classeLe projet de construction était long et compliqué ; cependant il reste à faire le carrelage et la peinture. En même temps il s’agit de faire fonctionner l’université avec des moyens très modestes, c’est-à-dire trouver un équilibre délicat entre les frais d’inscriptions raisonnables et les frais de fonctionnement.

Quelques chiffres pour illustrer ce défi : un étudiant paie 21$ (1000 gourdes) par semestre de cinq mois et par matière, soit environ 420$ par an ce qui représente beaucoup d’argent pour un Haïtien. Ce sont les seules recettes pour l’institut. Du côté des dépenses il y a l’administration, le secrétariat, l’énergie (soit le courant de la ville, soit l’essence pour le groupe électrogène) et les professeurs. Un professeur gagne env. 850$ par an, à raison d’env. 45h à $9.50 par semestre Il faut savoir que pour tous les professeurs le travail à l’UJPM est un revenu complémentaire. Actuellement il n’y pas assez d’étudiants. Pour le fonctionnement il faudra donc trouver un financement supplémentaire d’env. 110’000$ par an pour payer les 60 professeurs.

uni

D’autres universités – 8 en tout – ont été construites ces trois dernières années (après le séisme), par l’état ou par des églises. De ce fait il y a une certaine concurrence entre universités. D’autre part, l’UJPM attend toujours l’autorisation officielle que d’autres universités ont déjà reçue ce qui n’est pas chose évidente dans un Etat qui ne connaît pas de procédures officielles et neutres et où il faut se frayer un chemin en passant par des fonctionnaires qui ont une famille nombreuse à nourrir !
Une particularité de ce type d’université est qu’elle attire des étudiants très hétéroclites. Ainsi on y a recensé le doyen du Tribunal Civil, le doyen du Tribunal de Grande Instance, le Président d’une Cour d’Appel, le Vice-Président de la Cour supérieure des Comptes, les deux Procureurs adjoints de la ville, des avocats, des magistrats de l’ordre judicaire, le Vice-Doyen de l’Université d’Etat, un Recteur d’une autre université privée, le Directeur du Collège Sacré-Cœur d’Hinche, le Directeur Départemental Adjoint de l’Education du Centre et un curé.
Voici quelques exemples de cours donnés par des « professeurs » volontaires en visite depuis la Suisse : stratégie d’entreprises, techniques bancaires (Sciences éco), gestion des déchets et de l’eau (Agronomie), psychiatrie (Infirmières), maths (Génie civil).
Haïti Cosmos est toujours à la recherche de bénévoles qui seraient prêts à passer deux ou trois semaines à Haïti pour y donner des cours.

Le laboratoire phytothérapeutique

Le laboratoire produit des médicaments contre la toux (feuilles d’eucalyptus), contre la diarrhée (goyave), les maladies gastriques (aloès et nonis), contre l’hypertension (hibiscus Sadfarida) pour n’en citer que quelques-uns. Toutes les plantes sont cultivées dans les terres autour du laboratoire. En plus, depuis récemment on y produit du sirop de sucre de canne qui est utilisé dans certains médicaments comme agent conservateur et pour la vente.

Les autres projets

Il y a toujours les dispensaires qui fonctionnent très bien et qui s’approvisionnent en grande partie au laboratoire. Par ailleurs l’association gère encore des écoles (maternelles, primaires et secondaires) dans différents villages.

La situation politique

La situation politique reste très difficile.

Niveau de vie dans le pays

Avec 300$ par mois il est possible de nourrir une famille de sept personnes. Cela fait env. 1.50$ par personne et par jour alors qu’un Coca coûte 1$.